Ce soir, après une légère marche arrière, j'ai tiré ta manette de frein de parc, ôté ta vitesse, baissé tes suspensions et arrété ton moteur de 600 chevaux.
Tu m'as laissé le temps de ranger mes papiers de travail, remplir ma feuille de travail journalière.
J'ai pu encore noter tes heures, ton kilométrage et mon doigt s'est arrêté sur le coupe-batterie et l'a rabaissé.
Là, dans l'obscurité de la cabine, j'ai entrouvert ta porte, ma jambe gauche l'a ouverte d'un coup de genou puis, est descendu sur le marche pied. Non je n'ai pas sauté, j'étais éclairé par le hangar.
Tu es à ta place habituelle, celle qu'est la tienne depuis 6 ans.
Je referme ta porte sans la claquer, facile, docile, comme tu l'as toujours été.
Ma veste sur l'épaule, mes bons de travail à la main, je te regarde. Tu es toujours la même, telle qu'au premier jour...
Alors après un volte face, je te tourne le dos. Plein de choses me viennent en tête...
Oui, c'était notre dernier tour, notre dernier levage.
Demain, ah oui demain... Demain, un autre viendra, il mettra le coupe-batterie. Il tournera la clé pour faire rugir tes 600 chevaux, il enclenchera la vitesse, il enlèvera le frein de parc et tu partiras avec lui.
Et oui demain s'en sera un autre !!!
Un pincement au cœur, oui un pincement au cœur en regardant le hangar...
Nos chemins se dédoublent aujourd'hui. Mais va... Quand je te croiserai, tu auras droit à mes appels de phares.
A ce moment là, des tas de souvenirs nous reviendront en tête à tous les deux mais nos vies continueront, toi dans tout ce que tu as su faire de mieux depuis toujours et moi dans un autre monde tout nouveau pour moi.
Adieu "ma Titine"