Pour compléter le commentaire du 23 avril
«Un dolly directionnel à 7 essieux, comment est-ce piloté? », voici plus de détails sur le fonctionnement du braquage des essieux.
Le dolly est équipé de 6 vérins, tous bien reproduits sur le modèle réduit WSI :
- 2 vérins de timon, bien visibles, placés sur le pont, derrière le pivot central de la tourelle ;
- 4 vérins de braquage, nettement moins visibles, nichés de part et d’autre entre le pont et les essieux, et agissant symétriquement sur les essieux 2 et 6.
Sur l’engin réel, ces vérins sont interconnectés deux par deux en tête-bêche et servent de purs transmetteurs de mouvements.
Le mouvement des pistons des vérins de timon (placés derrière la tourelle) échange leur fluide hydraulique avec les vérins de braquage des essieux directionnels 2 et 6, formant avec leurs cylindrées cumulées des circuits symétriques de vases communicants à volume constant. L’ensemble de ces circuits fonctionnant à volume constant, il suffit simplement de surveiller et compenser les éventuelles pertes de fluide par les joints des vérins. Et du fait que le fluide hydraulique est virtuellement incompressible, il n’y a même pas besoin d’une haute pression.
Nous avons vu que le mât télescopique transporté agit comme timon du dolly directionnel.
Le berceau-support pivotant agit comme un volant de direction, en actionnant, par une tringle, les deux vérins de timon installés derrière le pivot central du dolly.
Ces deux vérins de timon fonctionnent en opposition : lorsque le piston d’un des vérins de timon est poussé, l’autre est tiré.
Le piston du vérin de timon le plus proche de la tourelle est relié au piston de braquage droit de l’essieu 2 (voir photo).
Le piston du vérin de timon le plus éloigné de la tourelle est relié au piston de braquage gauche de l’essieu 6.
Le piston de braquage droit de l’essieu 6 est directement relié au piston de braquage gauche de l’essieu 2, échangeant entre eux-deux leurs volumes de fluide hydraulique, ce qui a pour effet d’assurer la symétrie des braquages respectifs des essieux 2 et 6.
Les essieux 1 et 3 sont liés par tringles à l’essieu 2.
Les essieux 5 et 7 sont liés par tringles à l’essieu 6.
Les essieux 1-2-3-5-6-7 sont ainsi tous liés entre eux ainsi qu’à la tourelle par une cinématique rigide et incompressible, simple, robuste et donc à l'abri des pannes, véritable condensé d'astuces techniques classiques.

Lorsque le tracteur tire vers la gauche le mât télescopique transporté, ce dernier fait tourner à gauche son berceau-support, avec la cascade d’effets suivants :
- le piston du vérin de timon le plus proche du pivot central est poussé dans son cylindre, ce qui en chasse le fluide hydraulique dans le vérin de braquage (montré sur la photo) placé à droite du dolly et raccordé à l’essieu 2, ce qui le braque à gauche ;
- l’essieu 2, braqué à gauche, pousse le piston de son autre vérin de braquage à gauche du dolly ce qui en chasse le fluide hydraulique dans le vérin de braquage placé à droite du dolly et connecté à l’essieu 6, ce qui fait braquer à droite l’essieu 6 (faisant virer le dolly à gauche) ;
- l’essieu 6, braqué à droite (pour virage à gauche du dolly), pousse le piston de son vérin de braquage placé à gauche du dolly, ce qui en chasse le fluide hydraulique dans le piston du vérin de timon le plus éloigné du pivot central.

Et inversement, lorsque le tracteur tire vers la droite le mât télescopique transporté, ce dernier fait tourner à droite son berceau-support, avec la cascade d’effets suivants :
- le piston du vérin de timon le plus éloigné du pivot central est poussé dans son cylindre, ce qui en chasse le fluide hydraulique dans le vérin de braquage placé à gauche du dolly et agissant sur l’essieu 6 pour le braquer à gauche (faisant virer le dolly à droite) ;
- l’essieu 6, braqué à gauche (pour virage à droite du dolly), pousse le piston de son autre vérin de braquage placé à droite du dolly ce qui en chasse le fluide hydraulique dans le vérin de braquage gauche de l’essieu 2, ce qui le fait braquer à droite.
- l’essieu 2, braqué à droite, pousse le piston de son vérin de braquage placé à droite du dolly, ce qui en chasse le fluide hydraulique dans le piston du vérin de timon le plus proche du pivot central.
On voit que les volumes de fluide hydraulique sont simplement échangés entre les vérins de timon (placés derrière le pivot central) et les vérins de braquage des essieux 2 et 6, formant ainsi un triple réseau de vases communicants à volume constant.
Il n’y a donc pas besoin d’agir sur la pression du fluide, ce dernier étant virtuellement incompressible. Il faut par contre éliminer toute bulle d’air dans les circuits, afin de ne pas introduire dans les circuits d’élément élastique qui pourrait provoquer un flottement des essieux.
De plus, chacun des vérins est différentiel, donc à double effet, c’est-à-dire que son 2e chambrage, de cylindrée un peu inférieure (du fait du volume de la tige de vérin), est également relié au 2e chambrage du vérin correspondant dans le réseau, aidant en le dédoublant en parallèle chacun des circuits décrits ci-dessus.
À partir des essieux 2 et 6, les mouvements proportionnels des 6 essieux directionnels sont commandés non pas hydrauliquement mais simplement mécaniquement, par tringles.
Les tringles sont raccordées d’un essieu à l’autre de sorte que tout braquage de l’essieu 2 entraîne un braquage proportionnel plus important de l’essieu 1 et un braquage moindre de l’essieu 3. De même, un braquage de l’essieu 6 entraîne un braquage plus grand le l’essieu 7 et un braquage moindre de l’essieu 5. Les essieux 5-6-7 agissent ainsi en parfaite symétrie avec les essieux 1-2-3.
L’ensemble des 7 essieux étant rigoureusement symétrique, le 4e essieu, placé juste sur l’axe de symétrie, n’a pas besoin d’être directionnel, puisque sa rectitude convient en permanence à toutes les situations. On pourrait théoriquement se passer du 4e essieu pour une charge plus faible mais, même en ce cas, sa présence n’est pas complètement inutile, car il renforce encore peu ou prou la tenue de route de l'ensemble.

Comme je l’ai dit, ça, c'est pour le régime de croisière sur route. Mais pour les manoeuvres délicates à faible vitesse, le dolly est, bien sûr, également équipé d’une commande manuelle de l'angle de braquage des roues, qui peut être électronique et sans fil.
La commande manuelle, qui consiste à faire passer, au moyen d’une pompe, un peu de fluide d’un circuit vers l’autre, sert également aux différents réglages d’«offset» de la direction.
Si les volumes de fluide ne sont pas symétriques entre les vérins de timon et les vérins de braquage, le dolly roulera droit néanmoins (puisque sa boucle d’autorégulation automatique le ramènera toujours droit), mais il roulera plus ou moins excentré par rapport au tracteur. Pour corriger l’excentrement, il suffit, par la commande manuelle, de transvaser un peu de fluide hydraulique entre les différents circuits.
Si les volumes d’huile ne sont pas symétriques entre les vérins assurant la symétrie entre essieux 2 et 6, le braquage ne sera pas exactement le même sur les essieux 5-6-7 que sur les essieux 1-2-3, ce qui, en ligne droite, amène alors le dolly à rouler un peu de travers, les essieux 1-2-3 étant légèrement braqués dans une direction et les essieux 5-6-7 légèrement braqués en direction inverse. Pour corriger le défaut, il suffit, par la commande manuelle, de transvaser un peu de fluide hydraulique entre les vérins de symétrie des essieux 2 et 6.
Bien sûr, il serait illusoire de vouloir reproduire des circuits hydrauliques opérationnels sur un modèle au 1:50e, mais les vérins sont bien reproduits et équipés chacun de ses 2 tuyauteries hydrauliques qui forment ensemble un impressionnant faisceau au coeur du modèle réduit. La cinématique à tringlerie mécanique est également remarquablement bien reproduite, ainsi que la suspension de chaque essieu, entièrement montée sur ressorts, faisant de ce modèle réduit, avec son marquage aussi riche que microscopique, un véritable bijou de collection de qualité "musée", qu'on n'a jamais fini d'examiner et de découvrir à la loupe...